Semaine 2 – 23 au 28 octobre – à l’hôpital et au cinéma

Pluies et soleil brûlant se succèdent sur Yaoundé. Je glane des histoires pittoresques évoquées par les clients des taxis collectifs, il faudra un jour que je les raconte…
Je me sens en sécurité.  Partout  je me sens sous la protection de la population, car tout le monde est aimable avec moi dans la rue, un peu protecteurs, un peu taquins, les sourires fleurissent sur les trottoirs de Yaoundé. Malgré les conditions de vie difficiles qui leur sont faites, les camerounais m’inspirent de l’admiration pour leur capacité à fonctionner là où rien ne fonctionne comme on l’entend en Suisse.

La semaine a débuté par la remise d’une petite série de jeux à une infirmière du HGOPY, Mme Kamga, qui s’applique à tenir un programme d’accompagnement psycho-social des adolescents et enfants hospitalisés. Remise très protocolaire et administrative, avec liste visée et re-visée, par l’infirmière, l’adjoint au Directeur Général, le responsable de l’Economat, et enfin nous confions les jeux à garder à une dame préposée à la garde du matériel.

La meilleure façon d’apprendre la règle d’un jeu, c’est d’y jouer !  Mme Kamga et moi jouons donc à tous ces jeux, avec beaucoup d’application et de rires. Elle imagine déjà créer l’Heure du Jeu, organiser des tournois de Solitaire ou autres dominos, etc. Il arrive fréquemment que le matériel offert disparaisse, Nanaboco a donc décidé de faire ce premier essai. S’il est concluant, c’est-à-dire si les jeux sont utilisés et ne disparaissent pas, nous pourrons renouveler cette action.

Mercredi, jour de visite des clowns à l’hôpital.

Cet enfant est ravi de se faire photographier avec les clowns par sa maman

Je vais suivre cette visite, en civil bien sûr, ou plutôt en blouse de tissu pagne Nanaboco. Nous avons créé nos tenues en tissu pagne identique pour le Représentant légal, Sylvain Tchatchouang et moi, l’an dernier déjà. Il est très courant au Cameroun que les groupes, ou associations, arborent des tenues en même tissu pagne, dont chaque membre se fait coudre un modèle à son goût. Chorales, associations culturelles, entreprises, et tous les écoliers, l’utilisation d’uniformes ou de tenues de groupes est très répandue au Cameroun.


Je suis ravie de voir que le quatuor de clowns Nanaboco arpente les couloirs et salles d’attente avec beaucoup d’aisance et d’entrain. Ils sont salués avec le sourire par le personnel médical et para-médical, Avec l’aide de Sylvain et de M.Secbe, chef de service de la coopération du HGOPY, ils ont réussi à se faire accepter par les professionnels de la santé en moins d’un an, ce qui est remarquable quand on sait que ce programme est totalement novateur, et que même en Suisse il a fallu apprivoiser le corps médical et le personnel hospitalier lors des débuts de la présence de clowns dans les hôpitaux.

De passage dans les chambres, ils font naître les sourires sur les lèvres des mamans, et ap
privoisent les plus petits.

La situation la plus marquante et la plus touchante : alors que les clowns entonnent une chanson, un garçon cloué sur son lit par une jambe dans le plâtre fixée à l’extension se met à « danser » des deux bras et de sa jambe libre, en chantant avec eux. Les infirmières s’exclament, rient, l’encouragent. Elle m’expliquent : ce garçon n’a pas desserré les dents depuis son arrivée à l’hôpital il y a déjà quelques temps, c’est la première fois qu’elles le voient s’égayer ainsi ! VIDEO A VOIR SUR NOTRE PAGE FACEBOOK

Cette semaine, des médecins et chirurgiens de Genève sont en mission au HGOPY, sous l’égide de la fondation Save the Childrens de Genève. J’ai eu l’occasion de rencontrer avant mon départ la responsable de cette mission, qui se renouvelle plusieurs fois par année, Mme Dr. Claude Lecoultre. Je la retrouve ce mercredi 25 octobre, en compagne d’autres membres de son équipe. Les 3 dames – Mme Lecoultre, une généticienne, et une autre femme médecin – attendent avec impatience et un peu d’interrogation la visite des clowns qu’elles n’ont pas encore eu l’occasion de voir. Sont-ils bons ? me demande-t-on. Nous allons voir.
Dans une chambre de petits, le succès est mitigé. Ensuite la chambre du garçon mentionné ci-dessus, succès reconnu. Puis viennent les chambres de « leurs » patients, des enfants plus grands et des adolescents. Les jeunes s’amusent, sourient, éclatent de rire pour certains, le pari est gagné : ils sont bons !

Durant le débriefing avec les clowns à l’issue de la visite, il est demandé de disposer de nouvelles tenues. Proposition adoptée, dès le lendemain Sylvain et moi allons acheter le tissu nécessaire. Nous avons décidé que cette fois, le tissu sera commun mais la coupe différente pour chacun, afin de mieux les individualiser et valoriser la personnalité ou le personnage de chacun d’eux.

Cette semaine, j’ai eu un entretien avec  Junior Essaba de l’Association locale Théâtre en Folie. Occasion d’échanger sur les activités artistiques en faveur des enfants et des jeunes à Yaoundé. Théâtre en Folie a un programme Théâtre à l’Ecole et un autre, Théâtre au Quartier, qui propose des spectacles sur des thématiques locales spécifiques dans les Maisons de quartier de Yaoundé. L’occasion pour moi d’apprendre qu’il y a un réseau de maisons de quartier. J’ai tant à apprendre de ce qui se fait au Cameroun en matière socio-artistique !

Lien vers une vidéo Youtube sur Théâtre en Folie

Dans la foulée, Junior me propose de donner un stage de clown de 5 jours en collaboration avec son association. Défi relevé, ce sera du 20 au 24 novembre. A suivre !

Toujours dans l’idée de tisser des liens avec les lieux et structurelles au Cameroun, je me rends au Goethe Institut, à Bastos.

Guten Tag ! Wie geht es Ihnen ? Farceuse, je lance ma salutation en allemand aux deux jeunes camerounais du service de la programmation culturelle : ils travaillent au Goethe Institut, centre culturel allemand, le parlent-ils ?

Sehr gut, danke ! la conversation démarre en allemand, je jette l’éponge la première et reprend le français, ils ont gagné, ce n’est pas du bluff, au Goethe Institut, on parle allemand !

Comme à l’Institut Français, la programmation est bookée pour les prochains mois, mais ce premier contact pourra être utile ultérieurement.

Dernier moment fort de la semaine : notre première séance de cinéma gratuite ! Nous testons pour la première fois notre matériel en situation réelle pour le plus grand plaisir des enfants du quartier où nous résidons. Ils ont choisi le dessin animé Dinosaures, j’ai trouvé des pop corns, on joue pour de vrai, n’est-ce pas ! Et à la fin nous reprenons ensemble le message du film : l’union fait la —— force !

Les enfants du quartier comme au cinéma !